IL n’est jamais trop tard…

Ce que j’aimerais pouvoir faire en ces belles journées, c’est revivre ma vie, être de nouveau avec mon père et ma mère, en ce beau temps d’amour et de convivialité.

A mon âge il est un peu tard pour les regrets. Quand je vois les petits enfants qui s’amusent dans le sable ou alors avec leurs copains, mangeant des glaces en cet été si joyeux et chaleureux, je me dis que je n’ai pas assez profité de la vie ; de MA vie.

Je ne pensais jamais à moi, toujours aux autres. La mort de ma mère n’a fait qu’aggraver les choses. Et puis le jour où mon père s’est remarié et a eu un autre enfant, je me sentais écrasée ; je ne trouvais plus ma place, tellement seule, dans ce monde si immense. Je n’arrivais pas à affronter la vérité, cette vérité qui disait que je devais agir comme une grande. Je ne serais plus chouchoutée, et je ne reverrai plus jamais ma mère.

A la maison, mon frère et moi n’étions pas très proches ; ma belle mère, elle, ne m’écoutait pas.

J’étais en quelque sorte l’obstacle de la famille, je ne servais à rien. Mais ce n’était pas juste ! C’était moi la première et c’était mon père. D’ailleurs, il était débordé par son travail (façon de s’en remettre de la mort de ma mère). Toutes ces pensées sont peut-être égoïstes de ma part, mais je sais à quel point ça a été dur pour moi à cette époque. Il faut apprendre à tourner la page, ce que je compris 52 ans plus tard.

Aujourd’hui, je me dis que j’ai été beaucoup de temps triste et ai perdu énormément de secondes de bonheur. Il est peut être trop tard pour tout recommencer, mener une vie belle et sereine, mais j’ai envie d’essayer, de ne pas perdre espoir.

Je ne sais plus vraiment qui je suis au fond, ni ce que je veux ; mais j’ai appris une chose : notre esprit comprend ce qu’il a envie de comprendre et entend ce qu’il a envie d’entendre. C’est ainsi que je me suis mise dans la tête l’image d’un entourage méchant et sans pitié et ainsi que je les détestais. Mais en réfléchissant bien et avec un peu d’objectivité, je compris que c’est comme cela que je les aime. Quant à moi, je vais essayer de découvrir la personne qui est en moi, celle qui a décidé pour la première fois d’ouvrir son cœur au monde.

Tasnime, 12 ans, le 24 mai 2017